Chapitre 3.5

Publié le par estel siliab

 

Elle n'est pas venue tout de suite habiter chez moi, cela s'est fait petit à petit. Elle venait donc sans que j'ai besoin de l'inviter, parfois, je l'invitait quand même, un sms suffisait de ma part, elle de son côté savait qu'elle n'avait pas besoin de me prévenir.

J'entends sonner vers 22h30, elle, qui d'autre ? Elle est appuyée contre le chambranle, la tête inclinée et tandis que j'ouvre la porte en grand elle continue d'en grattouiller le vernis du bout des ongles. Son bras s'étend dans la gaine noire de son cardigan jusqu'au maximum de sa tension. Elle relève ses boucles et me gratifie de son plus beau sourire. Je passe les deux millions d'années suivantes dans ses yeux jusqu'à ce qu'elle vienne se lover contre moi, vraiment, elle s'enroule, de tout ses bras, ses jambes, puis embrasse ma poitrine, ma chemise, juste au dessus de la poche.

Cela fait trois jours que je lui ai envoyé le texto pour l'apéro de se soir, depuis, sans aucune nouvelle je vis dans l'attente et l'excitation. Tout le monde est là depuis un bon moment et pour tromper l'attente j'ai mis un zèle énorme dans la confection de petites bouchées diverses pour agrémenter le vin. Tous me félicitent pour mes petits roulés de champignons, avec humilité je baisse la tête ce qui me permet de jeter un coup d'œil à ma montre. Il est plus tard que la dernière fois que je l'ai regardée de deux minutes.

Mais la voilà. J'ai à peine cligné des yeux que déjà je ne la voit plus que de dos, sa main en une ultime volute s'attarde encore sur moi, comme sur la porte tout à l'heure, elle gratte mon vernis avec nonchalance. Toujours agréable, toujours souriante elle fait le tour de l'assemblée en distribuant son affection, sa sollicitude, elle sympathise avec ceux qu'elle ne connait pas, un petit mot pour les autres, une blague, une gentillesse, on lui offre à boire, une place sur le sofa, les conversations reprennent de plus belle.

Ça fait deux minutes que tu es là depuis toujours.

Je reviens m'asseoir au sein du cercle, je m'inclus dans une discution quelconque. De loin elle lève son verre et m'adresse un clin d'œil avant de poursuivre le débat avec son voisinage immédiat, je n'entend pas la conversation. Je rempli quelques verres, à nouveau les plats ont étés vidés, je me lève et les emporte en cuisine pour m'occuper de la prochaine fournée.

Alors que je relève la tête du four je la sens m'envelopper encore une fois. Devant mon nez passent un verre de vin à moitié vide dans une main douce et une cigarette allumée entre deux doigts fins. Je ne peux pas bouger sans risquer l'incident mais je sent tout son corps et sa tête appuyés contre mon dos.

_ Je t'aime, me dit elle. Et c'est la première fois qu'elle me parle de la soirée. Je n'ai que le temps de sourire et tout son corps s'est envolé dans l'autre pièce, pourtant je ne bouge pas, je ferme les yeux.

 

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